Lettre

attention, certains passages peuvent heurter votre sensibilité

merci d'agir en connaissance de cause

#1

Je ne voulais pas

t'écrire

ça veut dire

que ton existence a toujours

de l'importance dans la mienne

mais je crois que

j'ai besoin de t'entendre me dire

à moi

ces mots

je suis désolée

et ne cherche pas à m'excuser

je savais ce que je faisais

et je cherchais à te nuire

ne cherche pas à me comprendre

je suis mauvaise et

je ne sais pas quoi te dire

je ne sais pas quoi te faire dire

quoi te faire dire

pour t'oublier

#2

pour tourner la page

et vivre

sans penser à toi

à nous

dans ces endroits

je me demande si tu vas bien

si tu nuis à d'autres

ou si on te nuit à toi

je me dis que c'est en toi

que je trouverais la solution

l'antidote se trouve dans le poison

qu'est-ce qui pourrait me faire aller mieux?

qu'est-ce qui pourrait me faire guérir de toi?

Tu n'es plus humaine tu es

mon traumatisme.

#3

Et je voudrais que tu m’aimes

Comme tu m’as aimée

Avant de me détruire

Et je voudrais t’aimer

Comme je t’ai aimée

avant que tu me détruise

C’est cet amour

qui m’empêche de renoncer à toi

je ne le retrouverai pas

je n’en ai pas fais le deuil

je ne veux pas y renoncer

il m’est précieux

même si

moi-même

j’ai oublié son visage

je me souviens de ses couleurs

il me semble

que c’était de l’eau

reflétant un ciel sans nuages

Il me semble

que tu m’aimes si

je te désire

#4

Je ne veux pas que tu saches

que je pense à toi

quand toi

tu m’as déjà oubliée depuis

longtemps, tu vis

sans moi

et tu vis

sans moi

et tu vis

sans moi

quand j’ai besoin de toi

pour vivre

Et je veux que tu penses à moi

avec du regret

#5

Je suis

Ton secret indicible

Ta victime

Ta monstruosité

Ton amour interdit

Un péché

Une brèche dans ta normalité

j’espère qu’un jour

tu m’accepteras

comme on accepte ses défauts

ses erreurs

impardonnables,

je suis cette part de toi

que tu haïs

#6

Tu m’as déjà oubliée

C’est plus facile

C’est plus facile

C’est plus facile

de te haïr

de te blâmer

de t’oublier

Et pourtant je t’écris

sans te voir

face à toi

Je suis une incapable

Une enfant sans corps

Une âme qui s’efface

il ne reste plus que toi

dans ce cœur

Tu en fais ce que tu veux

de ce corps

#7

Si tu va mieux après

c’est tout ce qui compte

si tu peux vivre après moi

c’est tout ce qui compte

moi je ne compte pas

depuis mon enfance on me le dis

Toi même tu me l’as dit

je suis un poids

un défaut

une erreur

une malnée

j’empêche les autres de vivre je

Comprends

pourquoi alors

Tu continues d’exister

malgré moi ?

#8

Puis-je dire

que j’existe encore

si mon visage

a pris la forme du tien

de tes mots, de ta voix

elle résonne dans ma tête

je l’écoute toujours

quand je suis seule

auprès des autres

ces mots

sont devenus les miens

quels étaient les miens ?

que t’ai-je dis ?

qu’ai-je fais ?

#9

Quand j’étais avec toi

je me souviens

De ce couteau que je t’ai

demandé de poser

De tes larmes coulant le long de

mon épaule

De ton odeur se mélangeant à la

mienne

De nos bras qui s’emmêlent

De la solitude que tu craignais

De celle à laquelle tu me

condamnais

De mes mensonges

mes secrets

et les tiens

que je conserve encore

je me souviens que je riais

et qu’en te regardant

j’étais heureuse

Pourquoi notre amour

N’a t-il jamais été nommé ?

#10

C’était inimaginable

Deux filles

qui se tiennent la main

sans penser à de la haine ou à de

l’amitié

et pourtant je nous aime tellement

toi et moi

Elles

sont si belles

quand elles s’aiment

à ne plus pouvoir

S’oublier

#11

à en devenir

de la poésie

à rêver

de tes excuses

pour pouvoir t’aimer à nouveau

te retrouver dans mes mots

me trahir en te désirant

tu me manques tellement

Je veux que tu penses à moi

avec du regret

que tu me désires

et que tu m’aimes

que tu panses mes plaies

Comme je l’ai fait pour les tiennes

Tu es la seule femme

dont les compliments avaient plus de

valeurs que ceux des hommes

Tu peux tout penser de moi

je ne pense qu’une chose de toi

Le elles est devenu singulier

Ton absence

Une aile ne peut pas voler

Seule

#12

Je m’excuse

je suis désolée

je te blâme aux yeux de touxtes

de tous mes maux

mais c’est un système entier

qui m’a brisée

au point où

tu te servais avidement de mes

ruines pour te réparer

Tes mots sont toujours là

Tes morsures des tatouages

et ton visage

Est celui qui j’ai donné

à un système

qui me déshumanise

je me sentais humaine

près de toi

mais toi

comment me voyais-tu ?

#13

Etais-je utile ou étais-je un poids ?

Ou est-ce que j’existais en dehors de

l’utile ?

#14

Tout ce temps loin de toi et tout ce

temps près de toi est-il différent ?

Tu existes toujours en moi.

#15

Je ne veux plus te voir

Je ne veux plus te voir

Et je ne veux plus t’entendre

et pourtant je t’écris.

Pourquoi tu continues d’agresser

mon existence

Pourquoi je ne peux pas

me débarrasser de toi ?

Et ces mots me motivent

émotive

motif

motus

je te tais

je ne parle pas de toi

mes mots de sortent pas quand

je t’ai en tête

ma bouche se déforme et mes

lèvres se resserrent

s’assèchent

pour laisser pleurer

mes yeux

#16

comment je dois penser à toi ?

À ton nom, dois-je éprouver

de la haine ou de la compassion ?

Je n’étais pas la seule à souffrir

je souffrais d’eux et de toi

et toi d’eux

et un peu de moi

Eux

c’est vaste

c’est des cailloux et des montagnes

que l’on t’a forcé à avaler

c’est de la pierre que tu me recrache

tu n’avais pas d’armure,

moi non plus.

comment pourrais-je t’en vouloir

quand je sais ce que tu as vécu

que dois-je penser de toi ?

#17

Je continue de penser à toi

il n’y a que des sourires qui me

reviennent

Je continue

de me mentir à moi même

je voudrais que tu me dises

quelque chose

je pourrai croire quelqu’un.e d’

autre

Une multitude de mensonges

feront éclore la vérité ?

à quoi bon la connaître

je crois que je dois

apprendre à vivre avec toi

en espérant

ne plus te voir.

#18

J’espère que tu vas bien

tu n’as pas à t’en vouloir

je sais que ce n’est pas de ta faute

je ne cherche pas tes excuses

je ne cherche pas à te pardonner

si tu es heureuse

alors ma souffrance ne sera pas vaine

Ta douleur

serait ma punition

#19

Il me faut un sens

pour pouvoir supporter l’idée

d’avoir perdu mon enfance

je la voie comme un sacrifice

puis-je autrement ?

#20

Je t’écris ces mots

en espérant entendre les tiens

donne un sens à ce trou noir

cette amnésie que je ne peux oublier

c’est ce que je te demande

Je pense à Eve Ensler

et aux mots de son père

je pense à toi sachant

que tu ne diras rien

que répondre à une lettre qui

parle pour toi ?

C’est plus facile

d’ignorer les victimes

une fois qu’elles sont en mesure de

parler

c’est ainsi que tu vis

c’est ainsi que nous vivons

c’est ainsi qu’eux vivent

j’ignore mes propres mots

les étouffe d’eau

#21

Je veux savoir si tu penses à moi

si de nous deux

je suis la seule à être hantée par

l’autre

ou si toi aussi

tu ne peux plus m’oublier.

#22 - bonus

c'est une histoire d'amour et de haine.

je ne sais si elle me hait ou si elle m'aime.

je sais qu'elle me manque

qu'elle m'a fait souffrir, j'ai dû l'offenser.

je sais qu'elle me manque,

j'ignore si elle me hait.

elle me répond mais ne commence pas.

ces moments magnifiques qu'elle m'a offert.

ces moments atroces qu'elle m'a fait subir.

elle me manque mais je ne devrais pas.

ce serait me trahir. ai-je bien compris?

je sais que quelqu'an me manque,

mais je ne sais si c'est elle.

Bonus - Panthère

Les brindilles, je me demande à quoi ressemblent mes cheveux. Mes ongles recouverts de peintures, bleus sont-ils, bleus sont tes yeux, bleues sont les cercles qui parsèment ma peau. Je ressemble à une panthère. Crois-tu que mon pelage reflète mon état d’âme? Dans quel état est l’âme que tu as délaissée? Les brindilles dans mes cheveux accueillent des oiseaux, ils m’arrachent des rameaux pour se fabriquer des nids, ceuillent, je n’ai plus de cheveux, depuis longtemps. Dans une boite je les ais mis, un livre qui ne peut s’ouvrir, personne ne veut l’ouvrir. Mon pelage est court, tu cours sur mon pelage, le parcours de mes os, est-il à ton goût? Tu me les brises, mais mon cœur reste intact. Je voudrais te planter mes dents dans ce cou que tu me penches, mais je ne me contrôlerai plus, je te laisse me contrôler, quelle est ma volonté? Je dévore la viande, ou la laisse se promener, ce que je suis? Ce que je ne mange pas. Tu dévore mon cœur, et mon sang continue de couler, les bleus sur ma peau, une galaxie qui tremble, tremble, tremble, un chuchotement fait vibrer le son, une onde dans la marre. Une goutte sur ton visage. Serait-ce une larme? La mienne peut-être, rouge. Tu te lèche les babines. Tu n’es pas comme moi, tu dévore ce qui ne te ressemble pas.

Bonus - Printemps

Printemps qui se glisse doucement, ma peau est un potager qui n’a pas été travaillé, les fleurs y poussent, sauvages. Printemps, les brindilles deviennent pudiques face à la lumière qui les questionne, je me questionne sur les lumières. Les mésanges posent leur pattes sur mes doigts, je me prends pour un arbre. Printemps, chaque seconde compte quand on s’en prend au temps. Je crois que le ciel m’aborde et je suis séduite. Je voudrais le rejoindre mais je suis réduite, à l’observer, de loin, sa superficie m’impressionne. Je voudrais l’impressionner. Ma peau est un potager que je travaille jour et nuit, les fleurs sauvages y poussent artificiellement. Elles sont sauvages comme je leur ais appris à être. Mon être est un printemps sauvage. Je suis un paysage, qu’on ne peut ignorer, mais qui reste au second plan. La lumière du ciel me questionne intensément. Les fleurs grandissent et me cachent. Je me demande qui je suis si ce n’est du sable brun, qui donne vie en se faisant dévorer. L’odeur s’imprègnent et les insectes viennent, pour les fleurs. Je contemple le ciel sous les herbes qui le recouvrent. Un bourdon vole. Mes yeux se ferment. Le printemps s’infiltre à travers mon être et je suis heureuse, le ciel ne me voit plus, il voit ma création, je suis bien plus belle, quand je me sais regardée. Je voudrais attendre encore avant de respirer, retenir mon souffle me gonfle, je suis gonflée, l’odeur s’infiltre dans mes narines mais je ne humes pas. Je ne peux pas profiter, quand je dois m’emparer. Emparez-vous de moi, vous m’écrasez déjà depuis si longtemps, chacun de vos pas est une cicatrice que les fleurs recouvrent. Chaque brins d’herbes qui agonise est un sacrifice qui me protège, j’implore le ciel, depuis si longtemps. Il n’y a que mes bourreaux qui peuvent changer le cours du temps. Printemps, combien de fleurs pourras-tu me fournir pour les convaincre de ne pas me tuer?

.

Printemps, colorées, tu me donnes à croire que je ne mérite pas ce qu’il m’arrive, reste encore un peu, je ne veux pas révéler mon vrai visage. Ce potager que tu nourris, a encore besoin de ta lumière.